« LE CONSEIL DE CLASSE LE/LA FÉLICITE » L'UBIQUITÉ ÉNONCIATIVE DE LA TROISIÈME PERSONNE DANS LES BULLETINS SCOLAIRES - Isabelle Monin, université de Reims Champagne-Ardenne
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Informations sur ce média
Que ce soit pour distribuer accessits ou mises en garde, éloges, remontrances ou conseils, les enseignants usent avec une relative solennité de la troisième personne dans les bulletins scolaires. Particulièrement dotée de souplesse morphologique et référentielle, elle est susceptible de renvoyer à toutes les places d'interlocution, un phénomène lié notamment aux spécificités énonciatives de ce genre de discours.
Sujet énonciatif, sujet syntaxique et/ou sujet délocuté, nous en observerons les manifestations visibles et invisibles dans une sélection d'occurrences issues d’extraits de Livrets scolaires uniques (LSU), du Cycle 1 au Lycée. En effet, cette troisième personne est capable d’y revêtir différentes formes : prénom, pronoms (personnel et relatif), groupe nominal (allusif, individuel ou collectif), description définie autonyme et même ellipse, elle est utilisée par les énonciateurs enseignants pour désigner n’importe quel référent concerné de près ou de loin par l’énoncé.
En conséquence, nous questionnerons la valeur communicationnelle de ces choix lexicaux et syntaxiques, à partir de la relation entre les places d’interlocution et les positions énonciatives (Saunier 1998) dans ce contexte, et son incidence sur la portée pragmatique de nos énoncés. Plus précisément, au vu du schéma énonciatif du bulletin scolaire et de son rôle, si le concept exclusif de non-personne (Benveniste 1966/1974) semble ici un leurre – en ce que l’utilisation de la troisième personne ne peut exclure son référent des destinataires directs de ces écrits – elle met à mal les possibilités d’intersubjectivité, d’une part, et d’autre part fonctionne comme un “masque discursif” (Riedinger 2021) lorsque l’énonciateur en use pour se désigner lui-même.