Fallait-il "emmerder les non-vaccinés" ? Analyse du phénomène médiatico-discursif des petites phrases, entre polémique et panaphorisation - Damien Deias, université de Lorraine
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Le 5 janvier dernier, tous les grands titres de la presse nationale française relayaient un segment de discours extrait d’un entretien qu’Emmanuel Macron avait donné la veille au Parisien : « Eh bien, là, les non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder. Et donc, on va continuer de le faire, jusqu’au bout. ». L’énoncé était alors qualifié de « petite phrase », dénomination discursive forgée par les professionnels de la communication et les journalistes, et aujourd’hui connue et reconnue par le plus grand nombre. La circulation de cet énoncé est emblématique de ce que Maingueneau nomme la « panaphorisation », la saturation provisoire de l’espace médiatique par un événement de discours, qui s’accompagne d’une polémique sur la justification et le bien-fondé de sa production.
Ce phénomène médiatico-discursif est pourtant complexe. Fruit d’une co-construction verticale entre des acteurs politiques et des journalistes, le détachement de ces énoncés s’opère selon des critères qui constituent un contrat de communication implicite. Leur mise en circulation implique des réarrangements selon les genres de discours où ils sont insérés – troncations, reformulations partielles… - de sorte qu’une « petite phrase » correspond bien souvent à un ensemble de formulations, à l’instar des formules (Krieg-Planque). Enfin, objet de contre-discours et de parodies, la dénomination « petite phrase », catégorie dépréciée, caractérise souvent le discours de l’autre, celui de l’adversaire.
Au terme de cette réflexion, nous nous essayerons donc à répondre à la question posée par le titre : fallait-il vraiment prononcer cet énoncé et le verbe « emmerder », qui a résonné aux oreilles de nombreux destinataires comme un performatif ?